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Secteur agricole algérien : l’autosuffisance programmée

Atteindre l’autosuffisance agroalimentaire est l’objectif prioritaire que s’est fixé le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2019. Les progrès du secteur viennent d’être quantifiés par la Banque d’Algérie avec la publication du bilan agricole de l’année 2022.

L’agriculture est considérée comme “la pierre angulaire du renouveau économique” selon le président de la République algérienne Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit d’une ambition forte et légitime, mais qui se heurte dans son application aux facteurs externes que sont le changement climatique et une situation économique mondiale instable.

Dans son rapport annuel 2022, la Banque d’Algérie étaye les avancées du secteur agricole. Selon le document, “la production agricole a affiché des résultats fortement appréciables en 2022 représentant 11,6 % du PIB courant, et enregistrant une croissance de 5,8 % contre une baisse de 1,9 % en 2021”.

“Sous l’effet des conditions météorologiques favorables, la croissance de la production céréalière a sensiblement augmenté de 51,4 % en 2022, après une forte contraction de 37 % une année auparavant, soit une production de 41,9 millions de quintaux en 2022 contre 27,6 millions de quintaux en 2021”, note la même source.

Le rapport souligne ainsi que “l’augmentation de la production a concerné toutes les filières céréalières : la récolte de blé des deux variétés, dur et tendre, a augmenté substantiellement de 39,4 % et de 41,6 % respectivement, au même titre que la production d’orge et d’avoine qui a suivi la même tendance, enregistrant une croissance de 98,8 % et de 28,9 % respectivement”.

Après avoir fortement reculé en 2021 (-34,7 %), la croissance de la production oléicole a amorcé sa reprise en enregistrant une hausse de 30,3% en 2022 pour atteindre 9,2 millions de quintaux, indique le rapport. Les chiffres sont également bons dans la production des agrumes. Cette dernière a rebondi de 7,5 % contre une baisse de 3,25 % l’année précédente. La filière viticulture a, quant à elle, enregistré une croissance appréciable de sa production de 9,3%.

En revanche, les cultures maraîchères ont enregistré un recul de 7,3% entre 2021 et 2022. Soit 135,6 millions de quintaux contre 146,3 millions de quintaux l’année précédente. Ce résultat médiocre est dû à la chute de la production de pommes de terre de 11,6% et des oignons, en baisse de 11,3%, selon la Banque d’Algérie.

Le gouvernement algérien mène cependant une politique agricole volontariste. Ainsi dans la loi de finances 2023, près de 4,8 milliards d’euros (700 milliards de dinars algériens) ont été programmés pour soutenir le développement de filières agricoles – principalement céréalières et maraîchères.

Selon la loi de programmation des finances, le secteur agricole devrait avoir progressé en 2023 de 6,9 % en 2023. Ces prévisions tablent sur une croissance de 5,5 % en 2024 et 5,7 % en 2025. Face aux problèmes de sécheresse liés au changement climatique, le gouvernement élabore une cartographie qui prend en compte la nature du sol, la main-d’œuvre, la mécanisation et aussi les prévisions climatiques. Cette étude permet d’évaluer les zones les plus propices au développement agricole en ciblant les besoins.

Le Sahara en passe de devenir une terre agricole ? (Tamanrasset, Photo de Azzedine Rouichi sur Unsplash)

Le Sahara à la rescousse de l’agriculture ?

L’Algérie travaille aussi au développement d’une agriculture dans le désert du Sahara, en exploitant une gigantesque nappe phréatique existante… Un office de développement de l’agriculture saharienne est en charge mettre en valeur un million d’hectares de surfaces irriguées d’ici 2030.

Ce pari ambitieux, qui pourrait sembler impossible, produit déjà des résultats. Ainsi, un projet pilote mené avec le groupe turc Dekinsan a permis de cultiver du blé tendre et de l’orge sur une superficie de 4 000 hectares, avec des rendements obtenus de 70 q/ha, selon les responsables du groupe. Transformer le désert en terres agricoles devra cependant tenir compte de l’impact écologique. Une exploitation intensive des nappes phréatiques comporte en effet des risques d’une accentuation de la désertification de l’Algérie. Et s’avérer aussi très coûteux pour les finances publiques.

Un débat dont discuteront certainement officiels algériens, entreprises publiques et privées locales et internationales durant le prochain salon Djazagro. Afin de trouver ensemble des solutions technologiques et financières à l’autosuffisance souhaitée par la Présidence de la République.

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