L’Algérie présente son schéma stratégique de développement de la production céréalière jusqu’en 2028
Les grandes lignes du Schéma stratégique de développement de la production céréalière en Algérie ont été présentées au public à la mi-septembre 2023. Avec l’ambition d’assurer l’autosuffisance céréalière du pays selon le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, Mohamed Abdelhafid Henni.
Atteindre l’autosuffisance céréalière est le but que s’est fixée une commission multisectorielle lors du lancement du Schéma stratégique de développement de la production céréalière en Algérie, baptisé “Octobre 2023-2028”.
Cette commission est composée de chercheurs, d’experts et de responsables représentant les secteurs de l’agriculture, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’industrie, de l’énergie, de l’hydraulique et des transports. Mise en place pour déterminer les raisons d’instabilité de la production céréalière, notamment le blé tendre, elle a rendu en septembre 2023 ses premières conclusions.
Le schéma va permettre de couper la dépendance de l’Algérie aux marchés extérieurs pour son approvisionnement en blé. Malgré une récolte de blé estimée à 3,3 millions de tonnes en 2022-23 selon des chiffres publiés par le Département américain de l’agriculture (USDA) dans un rapport, l’Algérie reste l’un des principaux importateurs de blé en Afrique.
Après de mauvaises années dues à la sécheresse en Algérie, l’heure est à la relance de la filière. Le schéma a été exposé à l’Ecole nationale supérieure d’Agronomie (ENSA), en présence du ministre de l’Agriculture et du Développement rural d’Algérie, Mohamed Abdelhafid Henni, du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, et du ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun.
Pour Tarek Hartani, le Directeur de l’ENSA, cette stratégie est basée sur l’exploitation des résultats des recherches et des études techniques réalisées en Algérie, portant sur le sol et le climat afin de déterminer les endroits appropriés à la culture du blé dur et du blé tendre, de l’orge et de l’avoine, en prenant compte la qualité des semences.
Tarek Hartani a cependant souligné l’impératif d'”interdire la culture de blé dur sur les terres dédiées à la culture de blé tendre et d’orge, et d’interdire la culture de blé tendre et d’orge sur les terres dédiées à la plantation d’arbres fruitiers et au pâturage”, appelant à prendre toutes les mesures pour stopper la dégradation du sol dans le Nord du pays, où se concentre la culture des céréales.
Parmi les recommandations avancées par le Directeur de l’ENSA, la généralisation de l’élevage du bétail permettrait d’améliorer la fertilité des sols, au Nord comme au Sud du pays.
Le plan stratégique de développement de la production céréalière prévoit le lancement “d’un projet national visant à convertir les terres incultes, couvrant près de 2,5 millions d’hectares sur une période de dix ans, pour la production d’autres récoltes, telles que les céréales, avec la consécration d’espaces pour les récoltes industrielles”, selon Tarek Hartani.
Améliorer le rendement à l’hectare des céréales
Dans l’objectif d’améliorer la production de blé à l’hectare, le plan prévoit également “la mise en place d’une politique de qualité dans la production de blé à partir de 2024 pour encourager les bonnes pratiques dans la filière céréalière”.
Tarek Hartani a également proposé de convertir l’une des fermes pilotes en un centre de recherche national dédié à l’agriculture pluviale, placé sous l’égide du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en coordination avec un pays ayant une expérience dans le domaine des céréales.
Intervenant lors de cette rencontre, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a affirmé que le plan porte essentiellement sur l’amélioration de la production et du rendement dans la filière céréalière, outre le développement de la qualité des semences.
Le document vise également à organiser le secteur, à développer les techniques agricoles utilisées dans la production et à promouvoir la recherche scientifique, a précisé Kamel Baddari, faisant état d’une commission pour assurer la concrétisation et le suivi du plan visant à atteindre l’autosuffisance, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et au Plan d’action du gouvernement.
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a affirmé que la filière des céréales constitue l’un des leviers du secteur agricole en Algérie, qui s’impose, à son tour, comme l’un des piliers du développement économique global du pays dans le cadre du Plan national de développement agricole (PNDA) à l’horizon 2030.
Moderniser sans faire l’impasse sur la qualité
Passant en revue les priorités du secteur, Mohamed Abdelhafid Henni a fait savoir qu’il s’agissait de réunir un environnement optimal pour parvenir à une agriculture moderne, compétitive et efficace, à même de renforcer les bases d’une sécurité alimentaire durable pour l’Algérie.
Parmi les mesures envisagées par le ministre figure un prix d’acquisition des céréales en hausse de plus de 30 %, outre l’augmentation des surfaces dédiées aux céréales de 70 000 hectares par/an à 130 000 hectares en 2023.
Mohamed Abdelhafid Henni prône l’augmentation du taux de subvention pour les engrais à 50%, la construction de plus de 6 500 puits grâce à la coordination avec le secteur de l’hydraulique, la création d’une banque de semences et le renforcement de la mécanisation en autorisant l’importation du matériel agricole d’occasion et neuf, destiné notamment aux régions du Sud.
La qualité des céréales produite en Algérie sera un enjeu de taille. C’était d’ailleurs déjà l’essence des débats de l’Agora des Experts durant le salon Djazagro. Et une telle thématique devrait encore gagner en importance sur les prochaines éditions.