Le changement climatique stimule la recherche de nouvelles technologies et de solutions
Le changement climatique appelle des solutions rapides pour éviter que les pertes de production dans l’agriculture se démultiplient sous l’effet de catastrophes liées à la météo. Djazagro y répond avec la mise en valeur de nouvelles technologies et de développement agronomiques avec Djaz’Innov. Mais aussi durant les débats de l’Agora des Experts.
Le changement climatique est une réalité et il est plus que jamais nécessaire de trouver des solutions. C’est ce qu’évoquait la récente COP28 début décembre à Dubaï. Le Fonds Monétaire International a publié un rapport dans lequel il identifie 61 pays comme fragiles ou touchés par un conflit.
Sur ce chiffre, 28 de ces pays sont situés en Afrique. On relève cependant qu’aucun pays ne se situe en Afrique du Nord ou au Maghreb, même si le stress hydrique – c’est-à-dire la raréfaction de l’eau – se fait aussi ressentir. Tunisie, Maroc, Algérie et Libye figurent dans le top 33 mondial des pays confrontés à un stress hydrique selon l’institut américain World Resources Institute. Sur une note de 5.0 (stress hydrique absolu), la Libye se situerait en 2040 à un niveau de 4,77, le Maroc à 4,68, l’Algérie à 4,17 et la Tunisie à 4,06.
Diminuer le stress hydrique
Cependant, les pays considérés comme fragiles souffrent davantage des inondations, des sécheresses, des tempêtes et d’autres chocs liés au climat que les autres pays plus favorisés par les fluctuations climatiques.
L’agriculture est cruciale pour les économies des États fragiles et touchés par des conflits. Elle représente en moyenne en valeur ajoutée près d’un quart du PIB de ces pays.
Or le secteur agricole est fortement dépendant des précipitations. Le FMI constate que seulement 3 % des zones cultivées dans les pays fragiles sont équipées pour l’irrigation. Si la saison des pluies est inférieure à la moyenne, le FMI a calculé que les exploitations agricoles risquent de perdre 11% de leur production (en termes de valeur ajoutée). Malheureusement, c’est ce qui risque de se produire de plus en plus fréquemment avec le changement climatique. Ce dernier accroît, en effet, la variabilité des précipitations.
La bonne nouvelle est que les solutions existent et Djazagro se veut un forum de cette réflexion. L’Algérie s’est attelée depuis plusieurs années au développement de nouvelles technologies en milieu hostile comme le Sahara. L’irrigation des terres est bien sûr au cœur de cette démarche, notamment face à l’enjeu du climat.
Le concours Djaz’Innov a récompensé en 2023 Ipocone 30, fruit de l’entreprise algérienne Actondata. Cette technologie d’élaboration de fermes verticales adaptées à l’environnement et aux conditions algériennes a été désignée “Coup de Cœur du Jury”. Le projet s’inspire des serres, en créant des fermes verticales urbaines. Leur concept à étage permet une superficie réduite, une consommation d’énergie moindre pour une production agricole intense et flexible. Les modules s’intègrent dans un environnement où l’eau est contrôlée et respectée.
Durant l’Agora des Experts, Racim Boudjakdji, PDG de ITSE Actondata LLC, avait présenté les solutions agritech innovantes de son entreprise face aux tendances d’écoconception et de locavorisme, et les enjeux géostratégiques.
Des drones pour surveiller et irriguer
Chez le voisin tunisien, la société RoboCare utilise des drones équipés de caméras thermiques pour analyser le niveau d’hydratation de certaines parcelles, la qualité du sol ou encore l’état des cultures pour détecter des maladies. Dans une interview à l’AFP, Imen Hbiri, PDG de RoboCare, indique que “l’agriculteur peut obtenir jusqu’à 30% d’économies en eau, augmenter ses rendements de 30% et réduire ses dépenses de 20% grâce à cette technologie”. Les drones d’irrigation permettent d’optimiser la consommation d’eau.
En Algérie, le ministère de l’Agriculture veut d’ailleurs développer l’utilisation des drones et des images satellitaires. Dans ce combat pour le climat, il s’active à la préparation d'”une carte nationale des sites et des capacités de production” afin d'”optimiser l’utilisation des terres agricoles”. Les technologies de gestion de l’eau et d’irrigation, telles que l’agriculture de précision et l’analyse des données, s’avèrent essentielles pour optimiser l’utilisation des ressources et accroître l’efficacité du rendement agricole.
Un autre volet important est la promotion de cultures agricoles plus résilientes à la chaleur et à des conditions pluviométriques déficitaires. Les experts travaillent actuellement à l’identification d’une soixantaine de variétés de cultures tolérantes à la sécheresse, résistantes à la chaleur et aux maladies, ainsi qu’à des races de bétail adaptées aux conditions environnementales changeantes.
La génétique (notamment les OGM) suscitent encore des craintes et ne démontre pas toujours son efficacité. Néanmoins, en les intégrant mieux aux pratiques traditionnelles avec une approche plus éthique qu’uniquement commerciale, les OGM pourraient venir au secours des agriculteurs en Afrique du Nord.
Il est à parier que le prochain salon Djazagro (22-25 avril 2024) se consacrera de nouveau aux problèmes générés par le changement climatique. Avec des solutions technologiques, des débats et des conseils à la clé…