Gaspillage alimentaire : la FAO, l’ONU et Djazagro en ordre de bataille
L’objectif de développement durable n°12 de l’Agenda 2030 de l’ONU souhaite “garantir des modes de consommation et de production durables”, dont un appel “à réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant et les pertes alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement”. Des objectifs auxquels adhèrent le salon Djazagro, l’Algérie et les institutions internationales.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mène campagne afin de sensibiliser les acteurs de la chaîne d’approvisionnement alimentaire en Afrique du Nord à la préservation des ressources. Et de réduire de moitié le volume du gaspillage alimentaire, selon les objectifs de l’ONU.
Quelque 283 millions de personnes souffrent en effet de la faim en Afrique, alors que le continent concentre 65% des terres arables du monde. Cette situation traduit une faible productivité agricole – particulièrement en Afrique subsaharienne. Mais elle s’est accentuée ces dernières années par la guerre en Ukraine et la multiplication des catastrophes naturelles.
Dans ce contexte, le gaspillage alimentaire apparaît plus que jamais comme un fléau face à l’urgence de nourrir les populations. On estime que 14% de la production alimentaire mondiale, soit un montant estimé de 400 milliards de dollars US, sont perdus après la récolte, jusqu’au stade qui précède immédiatement la distribution (FAO, 2019). 17% supplémentaires sont gaspillés au stade de la vente au détail et par les consommateurs (Programme des Nations Unies pour l’environnement ou PNUE, 2021).
Dans une étude de 2015 – la plus récente sur le gaspillage alimentaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient -, la FAO estimait que le gaspillage et les pertes de produits alimentaires atteignaient de 14% à 19% pour les céréales, 26 % pour les racines et tubercules, 16 % pour les oléagineux et les légumes secs, 45% pour les fruits et légumes, 13% pour la viande, 28% pour le poisson et les produits de la mer et 18% pour les produits laitiers. La FAO constate que pour les fruits et légumes, les pertes se produisent en grande partie au moment de l’après-récolte. Ces pourcentages restent cependant moindres que ceux enregistrés dans le monde.
Les pertes et le gaspillage aggravent l’insécurité alimentaire dans les pays les plus vulnérables qui ne disposent que de ressources agricoles limitées empêchant l’augmentation de la production. Ces pays éprouvent aussi des difficultés à financer des importations pour pourvoir aux besoins alimentaires essentiels de leur population. S’y ajoutent des difficultés structurelles qui n’ont rien à voir avec la production agricole : infrastructures commerciales défaillantes, réseau de transports insuffisant, difficultés de conservation ou de stockages des denrées dans de bonnes conditions hygiéniques.
Les méthodes pour combattre le gaspillage
Comment alors s’atteler efficacement à ces problèmes et mettre en œuvre le 12e objectif du Programme des Nations Unis sur le développement durable (ODD 12) ? La FAO a dressé la liste des initiatives pour combattre les gaspillages :
1- Améliorer l’efficience du système alimentaire, moyennant
- L’emploi de technologies appropriées pour la production agricole et la récolte ;
- La culture de variétés végétales qui ont une durée de conservation suffisamment longue et qui sont
adaptées aux techniques et aux infrastructures de transformation les plus efficientes ; - L’amélioration de l’efficience dans le secteur agroalimentaire grâce au recours à des technologies
appropriées, telles que la chaîne du froid, entre autres ; - Le renforcement de la coordination entre tous les acteurs du système alimentaire ;
- La sensibilisation des consommateurs et l’amélioration du comportement de consommation ;
- L’amélioration de la réglementation et du contrôle du secteur de l’importation de produits alimen-
taires, afin de faire disparaître les mauvaises pratiques de manipulation et de garantir la qualité et la
sécurité sanitaire des aliments.
2- Mieux utiliser les ressources naturelles dans le système alimentaire, moyennant :
- Des économies d’eau, de terre, d’énergie et des autres intrants mobilisés pour la production alimentaire ;
- La réduction des incidences négatives sur l’environnement ;
- Le recyclage des produits alimentaires perdus et gaspillés en aliments pour animaux, composts et
sources d’énergie sans danger.
3- Accroître la contribution du secteur agricole à la croissance et la stabilité économique, moyennant :
- La création de valeur ajoutée grâce à la transformation des produits agricoles et l’application des
normes relatives à la qualité et la sécurité sanitaire des aliments ; - L’amélioration des rendements financiers sur le long terme dans le secteur de l’agroalimentaire grâce
au recul progressif du gaspillage de produits et aux mesures d’économie ; - La baisse des coûts de production agricole du fait de l’adoption de technologies avant récolte et
après récolte à la fois économiques et anti-gaspillage ; - La réduction de la charge constituée par les programmes de subvention alimentaire ;
- La réduction de la facture des importations de produits alimentaires.
Djazagro, plateforme de discussion sur les enjeux face aux pertes alimentaires
Le cadre stratégique concerne tous les acteurs qui contribuent aux pertes et au gaspillage de produits
alimentaires dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord, à savoir les exploitants agricoles, les
entreprises agroalimentaires, les transporteurs, les sociétés d’entreposage, les autorités du marché, les
opérateurs du secteur de la transformation, les institutions assurant des services d’alimentation et les
ménages. L’Etat ou les institutions nationales jouent un rôle prépondérant pour mettre en place ces stratégies.
La FAO et le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) ont mis en place deux indices distincts d’évaluation du gaspillage alimentaire : l’indice des pertes alimentaires (Food Loss Index – FLI), piloté par la FAO et l’indice du gaspillage alimentaire (Food Waste Index – FWI), piloté par le PNUE. Ils permettent déjà de mesurer les progrès dans la réalisation de l’ODD 12.
De son côté, la tenue d’un salon tel que Djazagro est un élément important de ce combat. En étant le plus grand salon de l’agroalimentaire d’Algérie avec 23 000 participants, Djazagro accueille, outre les entreprises de l’alimentation, les secteurs du process et conditionnement (emballage aussi bien qu’équipement), de l’hygiène et de la sécurité alimentaire ainsi que de la manutention et stockage.
Avec le concours Djaz’Innov, Djazagro récompense les matériels, produits, techniques et services les plus innovants dans le domaine de l’agroalimentaire. Ceux-là mêmes qui pourront aider à réduire le gaspillage et les pertes alimentaires.
Le programme de conférences de l’Agora des Experts évoquait également dans l’édition 2023 les problèmes liés à la sécurité alimentaire, le contrôle de la qualité en production alimentaire, l’emploi des PAI (PAI : ingrédients, additifs et produits semi-finis) ou encore les réponses agritech adaptées au contexte géostratégique. Les experts sur Djazagro 2024 en avril prochain apporteront de nouveau leurs éclairages et recommandations sur ces enjeux essentiels. Un indispensable pour parvenir aux objectifs de l’ONU sur la réduction des gaspillages !