Le Maghreb moins touché que le reste de l’Afrique par l’insécurité alimentaire
Les bouleversements climatiques mais aussi les ruptures dans les circuits d’approvisionnement créent un contexte de crise alimentaire dans le monde. Si le Maghreb est moins touché que le reste de l’Afrique, ces problèmes incitent pourtant à renforcer l’autosuffisance agricole de la région. La prochaine édition de Djazagro en 2024 contribuera à apporter de nouvelles réponses.
Le rapport annuel de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) en coopération avec l’IFAD (Fonds international de développement agricole), le Programme alimentaire mondial, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF dresse un bilan de l’évolution de la sécurité alimentaire à travers le monde. Un rapport qui appelle à amplifier et mieux cibler les actions, afin de parvenir à l’objectif d’éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030.
Cet objectif reste cependant difficile à atteindre selon le rapport qui relève, qu’après la dernière pandémie, le monde est désormais aux prises avec les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Celle-ci a en effet ébranlé les marchés des produits alimentaires et de l’énergie. En 2021, l’un ou l’autre de ces pays, voire les deux, figuraient parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de blé, de maïs, de colza, de tourteaux de tournesol et d’huile de tournesol. Autres facteurs déstabilisants : les crises résultant de conflits régionaux et des extrêmes climatiques.
L’ensemble de ces éléments dérèglent la capacité des systèmes agroalimentaires à assurer à chacun une alimentation nutritive, bon marché et sans danger pour la santé. Un enjeu qui semble ainsi la “nouvelle normalité”.
L’insécurité alimentaire touche moins le Maghreb que le reste de l’Afrique
En Afrique, selon le rapport de la FAO, la prévalence de la sous-alimentation est passée de 19,4% en 2021 à 19,7% en 2022. Une évolution marquée par des augmentations enregistrées en Afrique australe et en Afrique du Nord. Le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique a augmenté de 11 millions depuis 2021, et de plus de 57 millions depuis le début de la pandémie de Covid-19. En Afrique du Nord, elle reste cependant plus faible qu’ailleurs sur le continent. Selon le rapport de la FAO, la prévalence de la sous-alimentation est passée de 6,9% à 7,5%. Soit près de 2 millions de personnes supplémentaires qui ont souffert de la faim en 2022.
Malgré cette dégradation, l’Afrique du Nord reste la sous-région ayant le plus bas taux de personnes souffrant d’insécurité alimentaire. Et si l’on se réfère aux données fournies par la FAO pays par pays, le Maghreb reste moins affecté que toute la sous-région d’Afrique du Nord.
Sur la période 2020-2022, le pourcentage de personnes en état de sous-alimentation au Maghreb était de moins de 2,5% en Algérie, de 3% en Tunisie, de 6,3% au Maroc et de 8,4% en Libye. Ce dernier pays reste en effet toujours affecté par une instabilité politique quasi permanente. Enfin, en Egypte, l’insécurité alimentaire touchait sur cette période 7,2% de la population.
Djazagro pour débattre des enjeux du secteur agroalimentaire au Maghreb
La progression de l’insécurité alimentaire au Maghreb et en Afrique du Nord appelle toutefois les gouvernements à redoubler d’efforts pour diversifier leurs ressources agricoles, trouver les nouvelles technologies et méthodes permettant de mitiger les effets de la crise climatique, ainsi que d’assurer une autosuffisance alimentaire pour éviter une trop grande dépendance aux grands marchés exportateurs. C’est l’ambitieux programme de l’Algérie pour une meilleure autosuffisance en céréales par exemple.
C’est aussi l’une des thématiques qu’aborde en filigrane Djazagro, notamment avec la mise en valeur des innovations du domaine agricole, récompensées notamment par Djaz’innov.
Lors de sa dernière édition en 2023, le salon avait ainsi organisé à l’Agora des Experts une présentation et un débat sur les tendances d’écoconception et de locavorisme (manger local). Des évolutions qui influencent les enjeux géostratégiques ; elles appellent des réponses agritech innovantes et adaptées à une situation de réorganisation structurelle du secteur agroalimentaire en Algérie. Et qui sert aussi de référence au reste du Maghreb.